27/10/10

Notre premier contact avec le terrain a eu lieu entre le 21 octobre 2010 et le 24 octobre 2010. Cette visite a été l'occasion pour notre équipe de mesurer l'ampleur du projet et d'en savoir un peu plus sur les attentes techniques que nous aurons à respecter. Mais au-delà de l'aspect technique ce fût aussi l'occasion de rencontrer divers responsables locaux et villageois pour leur présenter le projet.

L'enthousiasme autour du projet s'est très vite fait sentir à tous les niveaux car, il faut bien l'avouer, l'école d'Oulad Slama manque de beaucoup d'éléments. Que ce soit les sanitaires, l'électricité ou tout simplement de l'eau potable, le temps à Oulad Slama semble s'être arrêté au début du siècle. Les habitants vivent au rythme des récoltes d'olives et de leur transformation en huile, s'accommodant d'une simplicité de vie qui contraste vertigineusement avec la frénésie de Marrakech se trouvant pourtant qu'à 2h de route.

Le premier sentiment que l'on ressent en arrivant dans l'école c'est de se demander si l'on est bien au bon endroit. La couleur rose bonbon des bâtiments et le retentissement d'une leçon récitée par une classe entière, dissipe ce doute qui, au contact des enfants, laisse rapidement place à un autre doute beaucoup plus personnel : « serons-nous à la hauteur? ». Fini le cadre rassurant des exercices scolaires dont l'issue n'a d'importance que pour notre propre compréhension. Ici les enfants et les habitants comptent sur nous et ce que nous ferons sera leur quotidien pour beaucoup d'années. Au fond, je sais bien que ce doute n'est pas permis et que notre réussite n'est pas une condition. Je jette un dernier regard au soleil qui amorce déjà sa lente descente. Du travail il va y en avoir et je ne dois pas perdre de temps car ici on ne prend pas la route après la tombée de la nuit.

J'attaque de mes talons la cour d'école comme si j'entretenais une rancœur envers le sol lui-même. Mon regard se perd quelques mètres devant mes pieds dans une concentration digne d'une solution de chimiste au bord de la précipitation. Je murmure ce mot «impératif» à la frontière du monde audible pour mieux me le figurer. Je n'ai que quelques heures sur place et mon planning sur deux jours a besoin d'une sacrée cure d'amaigrissement. Je finis d'établir mon plan d'action en me disant que c'est aussi ça le terrain, un monde qui ne se gêne pas pour bousculer les préparatifs minutieux qui m'ont pris plusieurs jours. Qu'a cela ne tienne je commencerai par les relevés du vent.

Les informations de vent sur la région sont disponibles d'un simple clic sur internet et mes relevés ne feraient au mieux que corroborer ces informations. Par contre, l'emplacement idéal d'une éolienne potentielle, ne peut être déterminé que sur place. De mes cinq points de mesure prévus, je vais très vite me ramener à trois points d'intérêt après avoir pris le thé avec les professeurs, autre événement que je n'avais pas prévu dans mon planning. L'étude de la végétation et l'échange avec les habitants sur les vents dominant parachèvent de me conforter sur mon choix final. Le temps de relevé le point du forage désigné par le sourcier et je m'attaque à l'électrification. Quels sont les éléments clé qui joueront sur l'électrification? Mon but n'est pas de résoudre le projet mais bien de lui donner une dimension. Je le sens se cristalliser au fur et à mesure des notes que je prends. Les enfants m'observent avec curiosité et semblent m'étudier autant que j'étudie leur école.

Je me retrouve sur le toit d'un bâtiment à griffonner à la hâte mes derniers croquis quand la décision de repartir semble s'être imposée d'elle-même. Je redescends dire au revoir aux professeurs et aux enfants emportant avec moi un projet dense et passionnant. Je suis frustré de partir aussi vite mais la quantité d'informations récoltées me réconforte. Demain je serai sur le chemin du retour. Demain notre projet débute à nouveau.          

Marc